BEETHOVA OBAS | FUTUR - CH.OBA Production (2011)
PA PRESSE (1996) et KEM'POZE (2003) sont curieusement deux disques de Beethova Obas, dont les titres soulignent, mine de rien, le long silence (7 ans) de l'artiste, avant la parution de FUTUR, au début de cette année. C'est sur des arpèges sensibles à la guitare classique, que commence cet enregistrement de douze plages. En effet, « Bravo manman » est un hommage émouvant, inspiré sans doute par un profond amour filial.
A mon humble avis, la musicologie retient « Manman » de DP Express (BARYE, 1983) comme le plus beau, le plus déchirant et le plus réaliste des textes de compas direct honorant les mères. De surcroit, « Moso manman » d'Emeline Michel (CORDES ET AMES, 2000) se range à côté de « Bravo manman ». Ainsi, les deux tracent des exemples de simplicité et de beauté de la poésie des chansons créoles.
De plus, L'intégralité du disque offre des mélodies les unes aussi attachantes que les autres. En particulier, d'autres titres dessinent aussi les meilleurs angles de l'album. « Rara Bois Verna », « Rien à cirer », « Tipapa » (comme sous-titre de Rara Bois Verna, en est la version troubadour ou anba tonèl), les inattendus « Latino Moon » (chanté en anglais) et une étonnante reprise du répertoire de Tabou Combo, « Yo » (chanté en duo avec Jocelyne Béroard de Kassav'. Un bon dosage de diffusion de la fusion.
Beethova ne rompt pas avec ses habitudes. Il réunit encore une grande famille de musiciens dans différents studios. Il chante en duo avec sa fille sur le titre éponyme. Il partage sa voix avec son inséparable frère Manno (Lavi). Les violons de l'orchestre philarmonique de Wroclaw (Pologne) raniment la nostalgie de certains aspects de l'album Si (1993). On peut repérer encore les heureuses influences de Manno Charlemagne, de Joao Gilberto, de Javan et de Malavoi.
Vous serez peut-être d'accord avec moi que notre célèbre troubadour privilégie sa guitare, les textes et les mélodies au détriment de sa voix. En tous cas, l'album FUTUR est une synthèse de ses productions antérieures, avec une nouvelle vision. Sur des thèmes familiers au chanteur, se croisent différents rythmes haïtiens, caribéens aux accents de jazz et de bossa nova. Si la longue attente des fans est comblée, c'est fort possible qu'ils retiennent déjà des textes qui parlent fort, qui murmurent, qui aiment, qui désapprouvent, qui ironisent et qui s'amusent.
Georgio
Jeudi 23 juin 2011