Avec une neuviéme édition du Festival International de Jazz de Port-au-Prince à l'horizon, la fondation Haïti Jazz sous les yeux protecteurs de son concepteur Joël Widmaier et son équipe, entreprend une tournée de promotion du festival pour sensibiliser les haïtiens de la diaspora à jouer les touristes durant le festival qui se passe tous les ans, à la mi-janvier. Cette tournée touchera Miami, New York, Montréal, Paris, etc.
Avec une première escale à Miami, la fondation inaugure cette tournée sous la dénomination « PAP Jazz Expo 2014 ». En partenariat avec le Centre Culturel de la p'tite Haïti, une série d'évènements dont une exposition photos (du 9 au 29 septembre) des meilleurs moments des éditions passées du festival, un atelier pour musiciens et passionnés de jazz, et enfin 2 concerts : un en salle avec le« United International Jazz Band » pour la modique somme de $40 ( recette destinée à financer les activités de la fondation) ; l'autre, gratuit, en plein air mettant en vedette Eddy François et son groupe Boukan Ginen accompagné du saxophoniste invité Jowee Omicil.
Peu de gens firent le déplacement à cause de la pluie et probablement de l'heure précoce de la programmation (6:00 PM to 8:00PM). Ceux qui étaient présents ont pu déguster deux heures de bonne musique. Les multiples interactions des musiciens avec le public concoururent au succès musical de cette première partie pour le plus grand ravissement de l'audience. Le groupe présenta un répertoire varié, composé de jazz standards, d'airs populaires brésiliens tels que « triste » et de morceaux choisis du Jazz Créole tel que "Manman-m Voye-m peze kafe". Le vocable international se fit sentir non seulement dans la formation du groupe, mais encore dans le répertoire varié présenté durant cette soirée. Quand le concert prit fin, on ne put s'empêcher d'être un peu triste, mais il y avait encore cette deuxième partie en plein air qui allait suivre.
La performance du groupe était bonne. Don Wilner, le contrebassiste, par son jeu habile et un groove surprenant, tissa une superbe toile de fond complétée par le batteur Harvel Nakundi et le percussionniste Joël Widmaier. Le pianiste, Mike Orta fut omniprésent avec des accords qui s'égrènent comme par magie, générés çà et là pour embellir l'ensemble. Jowee Omicil démontra encore une fois ses talents d'amuseur et de saxophoniste accompli. La chanteuse brésilienne Beatrice Malnicnous guida dans un voyage à travers les compositions d'Antonio Carlos Jobim.
Felipe Lamoglia et Jean Chardavoine m'ont beaucoup impressionné par leur jeu et leur aisance à naviguer ce répertoire international. Le premier avec ce son caverneux et robuste qu'on lui connait, évolua avec aisance dans une sorte d'exploration de couleurs et d'arabesques avec des mélodies simples et belles qui ajoute un charme certain à l'ensemble. Quant au second que j'ai vu jouer pour la première fois, il fait montre d'un jeu naturel, dans une tonalité bien sienne, avec des phrases claires entrecoupées d'accords diminués et augmentés qui témoignent d'une maturité et d'une maitrise de l'instrument. Ce qui lui permit de naviguer, avec une aisance étonnante, cette liste cosmopolite de joyaux musicaux. Je suis resté sous le charme de son adaptation de "Manman-m voye-m peze kafe".
En conclusion, nous avons vécu un très bon moment en compagnie des gens qui ont consacré toute leur vie à cette musique que nous chérissons. L'initiative du festival international de jazz de Port-au-Prince fut une brillante idée de Joël Widmaier et de son équipe. Après huit ans de dur labeur, ce festival a besoin d'étendre les tentacules de sa clientèle dans la diaspora. Les mordus du Compas font le déplacement tous les ans à Miami pour le Festival de Mai. Les passionnés du carnaval voyagent jusqu'à deux fois par année pour vivre ces trois jours de festivités populaires. Les amoureux du jazz de la diaspora devraient effectuer le déplacement en janvier pour le festival International de Jazz de Port-au-Prince et au fil du temps, donner à cet évènement un aspect de pèlerinage obligé pour les aficionados du Jazz. L'évènement dure huit jours. Les musiciens du festival animent des ateliers de travail pour musiciens dans plusieurs endroits de la capitale et enfin, tous les soirs, il y a unaprès fête quelque part pour les couches tard.
En attendant, disons avec fierté que nous avons notre propre festival de jazz. Le meilleur moyen de montrer notre soutien à cette brillante initiative est de contribuer à sa pérennité. Alors qu'est-ce que vous attendez? Commencez à préparer votre escapade de janvier dès aujourd'hui.
United International Jazz Band:
Mike Orta, piano - Don Wilner, contrebasse - Felipe Lamoglia, saxophone ténor - Jowee Omicilsaxophones alto et soprano - Beatriz Malnic, chant - Jean Chardavoine, guitare - Harvel Nakundi, batterie - Joël Widmaier, tambours, percussions
Photo Credit: Infinite Imprint - Photo Collage (Jowee - Chardavoine - Beatriz): Karl Joseph
Alphonse Piard, Jr.,
mardi 23 septembre 2014